Histoire :
1981 – 2022… et après?…
A l’occasion de la création du site du CDS18, par Jean-Philippe, celui-ci m’a demandé de retracer l’histoire de notre club qui a célébré, en février 2021, ses quarante ans. En Septembre 1990, je déménage dans le Var. Dans la revue du club paraît un petit article: « Le club a perdu une partie de son âme »… Alors, suivez-moi pour un petit plongeon dans le passé, pour ensuite, remonter le temps…
Les années 70 voient, suivant le moment et le lieu, des visites occasionnelles de carrières, mines et petites grottes, pratiquées par Pépé et ses enfants. Puis arrive 1980 qui nous voit passer à des « visites plus sérieuses ». Nous profitons de nos vacances dans Les Pyrénées Orientales pour « explorer », avec mon oncle et mon cousin, un grand réseau, dont je préfère taire le nom ici, par discrétion… C’est cette escapade de douze ou treize heures, de laquelle nous reviendrons enchantés mais, fourbus, crottés, égratignés et, avec quelques bleus et bosses en prime, qui marque pour Pépé et moi le début de cette aventure. Il va sans dire que nous n’avons aucune expérience, ni aucun matériel adéquat. Notre état, si l’on peut dire, à la sortie s’explique en partie par l’extrême simplicité de « notre équipement »: Baskets ou espadrilles, short ou jean, bob ou rien du tout sur la tête et, « fleuron de cet accoutrement », lampes de poches avec piles et ampoules de secours… Vous l’aurez compris, nos « déguisements » étaient dans le même état que nous à la sortie…Ensuite, le rythme s’accélère avec des sorties dans un rayon de 100km d’Aubigny. Ceci, bien sûr, toujours à deux mais, avec un « matériel » amélioré par des bottes, un sac à dos (qui périra en sortie), une corde (magasin de bricolage local) et surtout, d’une véritable échelle de corde d’un encombrement et d’un poids… plus que respectables!…
Au retour d’une de ces sorties, nous convainquons Mommond, copain de longue date, de se joindre à nous. La petite équipe ainsi formée, s’apprend et se soude en égrainant son enthousiasme au fil de ses pérégrinations souterraines. Deux «baudriers» sont bricolés par ma mère et l’épouse de Mommond qui se souviennent encore des aiguilles cassées sur les machines à coudre… Puis, quelques mousquetons, un descendeur, deux bloqueurs et une corde sont achetés par Pépé mais, comment s’en sert-on?
Toujours dans la bonne humeur, on étudie avec circonspection ce tout nouveau matériel (le livre initiation à la spéléologie en main), dans un garage, puis dans une carrière et enfin sur un viaduc, qui nous sert encore aujourd’hui. Cela nous permet de nous aventurer plus loin et plus profond sous terre mais, sans aucune expérience et très peu de connaissance technique… Enfin, Pépé est le premier à posséder un équipement complet. Peu après, Mommond et moi possédons également les nôtres. La très longue série d’entraînements, en auto-formation qui commence alors sur le viaduc (un calvaire en hivers) nous amène tous les trois à un niveau acceptable. C’est à ce moment là, que nous prenons chacun une licence individuelle à la F.F.S.
1981: Le petit groupe que nous sommes, toujours trois, dépose ses statuts de club en février et se rattache à la F.F.S; Le Groupe Spéléo d’Aubigny est né. Quelques articles dans les journaux, des contacts avec la municipalité et l’administration concernée, complètent «l’installation». Les Albiniens, qui ne connaissent pas du tout la spéléologie, une «période de flou» passe pendant laquelle, nous sommes regardés comme des bêtes curieuses, voir, pris pour des bouffons ou des fous. Malgré ces petits désagréments, des contacts sont pris avec le tout jeune Comité Régional de Spéléologie et des spéléologues de la région. Puis, par son sérieux, le club s’implante durablement à Aubigny.
Notre principal problème, est évidemment la trésorerie. Les premiers fonds proviennent de nos trois cotisations plus celles de deux bénévoles, et de la vente d’autocollants (fabrication Mommond), de vieilles batteries, ferrailles etc… Ce petit pécule nous permet l’achat de quelques matériels mais reste insuffisant pour l’acquisition d’échelles légères et peu encombrantes, trop chères pour nous… Qu’à cela ne tienne! Nous avons, du tube alu et en cuivre, du câble , les outils et notre bonne volonté; Nous passons plusieurs soirées, après le travail, à la fabrication des dites échelles, dont les tests auront lieu dans la grotte Chabot (Indre). Essais au cours desquels, plusieurs barreaux mal sertis, glissent brutalement sous le poids de Mommond qui, (malgré une belle frayeur), solennel nous annonce: «Messieurs, une vérification du matériel s’ impose!» Mais, rassurez-vous, ces ustensiles ne sont plus que les lointains souvenirs d’un passé techniquement et économiquement révolu.
J’en profite pour vous conter une autre anecdote : au cours d’une sortie, toujours à trois, nous effectuons une escalade d’une dizaine de mètres dans une cavité Lotoise. Mais, comment redescendre? Mommond, avec son «savoir faire habituel», trouve «une solution» en envoyant doucement notre kit dans la descente. Le sac roule, rebondit une fois… deux fois, paraît hésiter, roule encore un peu puis se stabilise en bas. On étudie le parcours et Mommond (encore lui) tente la scabreuse descente sur les fesses, et ça marche. Aussitôt, nous l’imitons et nous tirons de notre délicate situation, une fois de plus, avec quelques bleus et écorchures… Ceci dit, je déconseille vivement cette méthode de descente trop hasardeuse…
Entre deux sorties, la course à l’argent continue et nous obtenons une première subvention. Grâce au bricolage et à l’aide de nos deux bénévoles, toujours mises à contribution, nous consacrons cette somme à l’achat de matériel qui nous manque tant. Puis, toujours sous la houlette de Pépé, les choses s’accélèrent. A cette époque, un archéo et un ancien du SC Franconville (Val d’Oise) viennent grossir notre effectif qui compte maintenant cinq licenciés et deux bénévoles. En mai, je participe à un stage, organisé par le comité régional, dans le Lot, puis en août,après notre premier camp d’été, je rejoinds pour une semaine le camp du C.L.A.C sur le massif des Arbailles dans les Pyrénées Atlantiques. Camp au cours duquel j’apprends beaucoup techniquement et en orientation sous la houlette de Michelle Tricoche, président du C.L.A.C à l’époque.
L’année se termine, nous tenons notre première assemblée générale, suivie d’un repas en commun et bien sûr, d’une petite fête…
1982-1983 : Le club augmente son effectif de plusieurs membres, dont mon frère « gamin terrible » de 13 ans, spécialisé dans les farces en tout genre… Au cours des camps, nous connaissons quelques péripéties dont il est en grande partie responsable et, quelques tours qui ne sont pas au goût de tout le monde… Les sorties s’intensifient, les connaissances s’étoffent, des camps d’été et d’hiver sont mis sur pied. Parallèlement, d’autres activités voient le jour (expos, débats, projections de diapos, etc…). C’est également le débuts de discussions avec la municipalité pour l’obtention d’un local, que nous obtiendrons deux ans plus tard. A l’AG de 1983 nous sommes dix licenciés et quatre bénévoles et, bien sûr, nous connaissons les premières frictions et divergences de points de vue…
1984 – 1986 : Le nombre de licenciés reste stable (8 à 10). Des têtes disparaissent, d’autres apparaissent, souvent pour un passage trop rapide. C’est l’époque des grandes et longues sorties, souvent avec d’autres clubs. Une équipe se forme et s’oriente sur la recherche et la désobstruction, ce qui aura pour conséquence de nous apporter quelques belles petites premières…
1987 – 1988 : La bande est toujours pleine de vie, les nouveaux équipiers nous apportent leurs idées mais, d’autres disparaissent de notre horizon… A cette époque, le club voit beaucoup de passage par le biais des initiations pour peu ou pas de nouveau licencié…
Les sorties de spéléo et d’initiation se succèdent, quelques uns partent en stage ( secours, pré-initiateur, dirigeant, etc…), les travaux de recherche continuent à nous donner de bons résultats, notamment dans le Lot.
Puis, en étroite collaboration avec le Groupe de recherche et d’étude spéléologique de Bourges (avec Michel Dupuis pour président) et Le Spéléo Club de Sancoins (avec Etienne Vigier pour président), nous commençons à mettre sur pied le futur CDS 18. CDS qui ne sortira de son anonymat que quelques années plus tard… Notre association paraît bien en forme ; Je dis paraît car, en cette fin d’année, la lassitude de certains et le laisser-aller des autres commence à se faire sentir…
1989 – 1990 : Ce qui se pressentait l’année dernière, semble se confirmer cette année, certains partent pour d’autres horizons, chacun vaque à ses occupations, le lieu d’entraînement reste désert, il n’y a plus qu’une «activité épisodique», il n’y a pratiquement plus de sorties. A mon tour, je quitte Aubigny pour le Var et, abandonne la spéléo pendant deux ans. Pendant ce temps, le club continu à s’endormir dangereusement…
1991 – 1992 : A Aubigny, Pépé secoue «les rescapés» et, remet quelques activités sur pied. Le congrès régional est organisé et réussi à Aubigny, ce qui remotive tout le monde. A cette époque, je reprends du service en faisant découvrir la spéléologie à deux amis, (Pascal et Muriel Pointeau); L’équipe Var est née, ce qui me place dans la même situation que dix ans plus tôt, au sein d’une équipe de trois comparses qui distille sa bonne humeur au fil des kilomètres et de ses aventures souterraines.
1993 – 1995: L’activité est bien repartie, de plus, l’équipe Var s’est étoffée de deux membres en plus (jean-Michel Bima et Dominique Toubol).
A Aubigny, c’est l’année d’un premier camp, de découverte pour les enfants du centre de loisirs. Pépé s’investit, comme d’habitude, dans le club, le CDS et, la région. Les membres du club collaborent étroitement avec, des idées, des initiatives et des prises de responsabilités. En deux mots, tout marche pour le mieux; Pourvu que ça dure… A l’AG de 1995, l’ancien nous annonce qu’il est temps que la relève s’affirme, qu’il décroche de son poste de secrétaire, pour s’investir plus au CDS.
1995 – 2002: Durant ces années, je m’investis dans la spéléologie varoise et plus particulièrement le SSF83, ou je subis une formation très poussée de «sauveteur multi tâches». En effet, nous devions être capable de poser le téléphone, d’équiper secours, d’être affecté à l’équipe asv ou, à tout autre travail en fonction des besoins… Période pendant laquelle je connus une quinzaine d’entraînements (dont cinq secours fictifs dans des grandes cavités des Alpes Maritimes et du Var), deux secours réels et une mise en alerte…
2002 – 2022: En novembre 2002, pour raisons professionnelles, je reviens à Aubigny. Je m’investis dans mon nouveau travail . A cela s’ajoute des événements personnels et, petit à petit, je laisse plus ou moins tomber les activités du club au point que nous ne sommes plus que trois. Claude (que je remercie ici), fidèle membre, reste licencié et continu à pratiquer épisodiquement la spéléo et le canyonisme. Puis, récemment, il nous apporte trois nouveaux membres en plus des deux inscrits l’année dernière; L’activité est donc bien repartie. Encore une fois, pourvu que cela dure…
Voilà, je pense en avoir terminé assez fidèlement, et sans complaisance, avec l’historique de cette association. Mais, compagnons des débuts ou d’aujourd’hui , spéléologues confirmés ou débutants, actifs ou bénévoles, meneurs ou menés ou, vous qui êtes passés trop rapidement mais, que j’ai encore en mémoire, sachez que sans vous tous, rien de tout cela n’aurait été possible…
Patrick Redouté.