Camps Spéléo, Sud Hérault
Je vais aujourd’hui vous narrer une mésaventure qui m’est arrivée début septembre lors d’un camp spéléo d’une semaine dans le sud de l’Hérault.
Je vous propose, en préambule, de lire le mail que j’ai envoyé à Monsieur le Maire de Saint Pons de Thomière. Le cadre de cette mésaventure sera, dès lors, posé.
M. Didier Lescure
à
Monsieur le Maire de Saint-Pons
Monsieur Le Maire,
Je tiens à porter à votre connaissance une mésaventure qui m’est survenue le jeudi 07
septembre 2023 avec l’un de vos employés.
Je souhaite également vous informer que je me réserve tout droit de poursuite de cette
mésaventure.
Votre réponse, en sera un facteur déterminant.
Contexte :
Je suis spéléologue et je parcours toute la France, invités par des passionnés, pour visiter ou
travailler sur le monde souterrain. Cette année, j’ai, ainsi que quatre collègues, été invité par le
SCMNE de Courniou les grottes pour passer une semaine parmi eux, du 1er au 08 septembre
- Au programme, nous aurons des visites, de la prospection, de la désobstruction, de la
topographie, des escalades et de la découverte.
Chronologie des faits :
Le samedi 02 septembre 2023, nous décidons de faire de la prospection, au-dessus d’un petit
aven récemment découvert.
Nous partons au-dessus de Pondérach, prenons un chemin forestier, puis au bout de
quelques centaines de mètres, nous nous retrouvons face à un véhicule utilitaire.
Le conducteur recule, se met sur le bas-côté et deux de nos véhicules passent. Le troisième
véhicule qui a pu se garer sur le bas-côté décide , lui, de laisser avancer le véhicule d’en face.
Lorsque celui-ci arrive à sa hauteur, il s’arrête et lui demande ce que nous cherchons…
« – Nous sommes spéléo et nous allons observer un trou un peu plus haut.
- Ah, vous êtes spéléos, chez moi j’ai un trou qui souffle !
- C’est intéressant, lui répond, en souriant, le conducteur du troisième véhicule, qui est un
membre du SCMNE. - Suis-moi, j’ai ma propriété là-bas, j’ai du temps avant de reprendre le boulot, je vais te
montrer. »
Les deux véhicules font alors demi-tour et pénètrent dans une propriété, en contrebas du
chemin forestier. Pendant ce temps, nous (les deux véhicules qui sont passés) nous garons un
peu plus loin. L’ensemble des spéléo rejoignent alors le propriétaire . Cette propriété est
constituée d’un vaste pré, traversé par un ruisseau à sec, sur lequel siège une belle bâtisse au
pied d’une montagnette.
Le propriétaire nous conduit vers une barre de calcaire et nous montre un petit muret de pierres
entreposées où derrière se trouve le trou souffleur : effectivement, par une anfractuosité,
s’échappe un énorme courant d’air ; ça souffle même fort !
Nous sympathisons avec lui qui nous raconte l’histoire familiale de la bâtisse ; les spéléologues
restent éblouis par la sérénité qui règne dans ces lieux…
Le propriétaire nous annonce que le mur a été monté il y a longtemps par un spéléo pour éviter
tout accident avec un enfant. La mousse présente, atteste que ce muret est là depuis de
nombreuses années.
La discussion continue et le propriétaire nous autorise à ouvrir le mur pour continuer
l’exploration de cette cavité.
Nous le remercions et nous engageons à venir dès lundi, pour travailler sur cette cavité.
Le lundi 04 septembre 2023, nous (4 spéléologues du CDS 18 et deux spéléologues du
SCMNE) sommes à pied d’œuvre, à 9h, pour commencer les travaux.
Nous rencontrons à cette occasion la tante du propriétaire qui est venue nous voir.
Nous la prévenons à cette occasion que nous reviendrons mercredi.
Nous travaillons toute la journée et partons vers 17-18h.
Le mercredi 06 septembre 2023, nous revenons et travaillons toute la journée.
En fin d’après-midi, Le propriétaire nous rejoint, avec sa mère, sa tante et son grand-père.
Nous leur faisons part de l’avancée des travaux.
L’ambiance est excellente. Les discussions vont bon train, sur l’histoire de cette bâtisse avec
les rencontres familiales qui y ont lieu périodiquement ainsi que sur la spéléologie.
Nous reviendrons demain.
Le jeudi 07 septembre 2023, nous reprenons la désobstruction où la massette, le burin et le
burineur s’alternent.
Et c’est là que débute ma mésaventure ….
En milieu d’après-midi, un véhicule utilitaire blanc, aux effigies de la ville de Saint-Pons ouvre la
barrière sans y être invité et se gare sur la propriété .
Je crois savoir qu’en droit pénal, cela s’appelle de la violation de propriété privée (article 226-4
du code pénal)
Le conducteur sort en furie du véhicule, s’avance rapidement vers moi, avec une attitude
menaçante et m’interpelle de la façon suivante :
« – Qu’est-ce que vous foutez là ? »
Je lui répond calmement « Bonjour Monsieur. Nous sommes spéléo et nous travaillons sur
cette cavité avec l’accord du propriétaire et de sa famille. »
Il me répond : « c’est mon trou ! Vous n’avez rien à faire ici ! C’est mon secteur à moi ! »
Je lui répond que ce n’est pas le cas et que le propriétaire nous a donné son accord.
Il reste un petit moment interdit puis me lance à la figure « Et que je ne vous voie pas aller dans
les trous qu’il y a aussi là-bas. ils sont à moi ! (en montrant du doigt un bout de la montagne sur
la droite). Et cela ne va pas se passer comme ça. Je vais m’en occuper. »
Je crois savoir qu’en droit pénal, cela s’appelle insultes et menaces (art. R621-1 , R621-2 et
131-13 du Code pénal )
L’individu repart alors vers sa voiture, ivre de rage, claque sa portière, redémarre et sort de la
propriété sur les chapeaux de roues, en laissant la barrière ouverte.
Je suis resté très calme et poli, mais j’avoue qu’intérieurement cela bouillait.
J’ai 61 ans et jamais, je ne me suis jamais fais tancer de la sorte, depuis la fin de mon
adolescence …
… Surtout par un inconnu, qui est impoli, voire incorrect et qui ne se présente pas.
Pour votre gouverne, le propriétaire des lieux a été averti, par téléphone de cette « altercation »
et ne semblait pas être « enchanté » par cette nouvelle.
J’en arrive donc à mes interrogations et pourrez, peut-être, éclairer ma lanterne.
Un individu, sur son temps de travail, avec un véhicule de société (ici votre commune) pénètre
sur une propriété privée, sans y être invitée, interpelle une personne qu’il ne connaît pas avec
véhémence, ne se présente pas et le menace.
Au vu des éléments cités ci-dessus, j’en déduis qu’il a votre quitus, est mandataire et parle en
votre nom.
– Est-ce le cas ?
– Si oui, sur quel bien-fondé légal ?
– Puis-je connaître l’objectif de ces invectives et menaces?
– Est-ce normal que vos employés aient une telle attitude envers autrui, sur leur temps de
travail ?
Comme je vous l’ai dit en début de courrier, je me réserve tout droit de poursuite de cette
mésaventure. Et soyez en certain, votre réponse, en sera un facteur déterminant.
Dans l’attente de vous recevoir, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma
considération distinguée.
Didier Lescure
Le cadre étant posé, je vous donne à présent des info que j’ai eu ultérieurement.
L’employé communal en question s’appelle Laurent P. .
Il est connu, dans la région, comme le loup blanc.
A priori toutes les cavités entre Toulouse et Béziers lui appartiennent !!!!!
Et il se fait fort de vous le faire comprendre en mettant des grilles partout où il le peut.
Il faut de tout pour faire un monde.
Au nord de l’hérault, la « rétentionite aiguë » avait frappé (voir article sur le Banquier dans spéléo mag N° 122).
Au sud de l’Hérault, C’est la maladie de « l’appropriation illicite » qui sévit !!!!
Il y a des gens qui osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît, dirait Lino Ventura.
Dernier détail : L’édile de Saint Pons n’a même pas daigné me répondre .
A bientôt.
Didier
mais finalement qu’y avait-il derrière ce mur? c’est plus intéressant que les frictions avec la faune locale.
(mais finalement qu’y avait-il derrière ce mur?) On ne sait pas encore mais ça continue à souffler… Cependant beaucoup de taf dans la région et peu de personnel pour la désob ces derniers temps… Quant à la « faune locale » ; il est parfois très pénible de devoir supporter continuellement les frasques de certains qui semblent être venus sur cette planète uniquement dans le but d’empoisonner les autres… (Un grand salut à DL)
C’est quand même assez dramatique cette forte propension à aller ouvrir des désobs quand on sait ( parce que vous saviez) que des gens bossent déjà sur le secteur !
C’est une maladie typique de l’extrême ouest de l’Hérault que je ne comprends pas.
Il y a des centaines voire des miliers d’hectares vierges de toute incursion spéléo ( d’ailleurs il suffit juste d’aller dans certains endroits, de se baisser pour trouver des trous souffleurs sans grottes connues des hectares à la ronde).
Moi qui ai creusé énormément dans le secteur, il ne m’est jamais venu à l’idée d’aller emmerder le SCMNE dans par exemple la suite potentielle de Roquebleu, ou d’aller emmerder le SCSP sur leurs désobs en cours etc etc…
Avant de pleurer des larmes de sang, de se poser en victime éplorée, d’invoquer le Code Civil ou le Code Pénal, il me paraît tout à fait à propos d’adopter un Code d’Honneur, qui consiste à ne pas aller manipuler les propriétaires ( qui s’en foutent de qui est dans quel club) pour aller s’octroyer leurs faveurs sur une zone. C’est absolument dégueulasse et si un CDS ( puisque vous rédigez ce commentaire sur le site d’un CDS) ou la FFS cautionnent ce genre d’agissements, alors il y a matière à réfléchir sur la vision spéléo…
Bonjour Lionel
je ne te connais pas, mais ça peut s’arranger, je descents dans l’hérault périodiquement.
En réponse à tes propos, voici ce que je pense :
Lorsqu’un trou, découvert il y a 20 ans, est rebouché et laissé à l’abandon depuis, peut-on dire qu’il est toujours en désob ?
Lorsque les propriétaires (les vrais, d’un point de vue légal) de ce trou, demandent à des spéléo de passage, d’y travailler, peut-on les (les spéléos) blâmer de « voler » une désob non réalisée ?
Alors, de quel droit, la personne qui y a travaillé, il y a 20 ans, peut-elle se targuer d’en être le propriétaire, d’insulter et de menacer les spéléos présents ?
Tu me parles de déonthologie !!! Sur ce coup là, je rigole !!!!!!
Qu’est-ce qui est important : decouvrir la cavité et faire partager à la communauté cette découverte ou se garder un trou perso (qui de part la loi, ne lui appartient pas) ?
Ce genre d’individu, à qui tout appartient, de marseille à Bordeau, me sort par les yeux, les trous de nez et le reste (pour rester poli).
Il n’a qu’à découvrir, topographier, travailler sur la géol du coin, faire avancer les connaissances de ce karst, publier et non se garder une palanquée de trous , sur lesquells il ne bossera pas, d’ici son départ vers la droite de dieu !!!!!!
On pourrait même en faire la nouvelle définition, sur le Larousse, des mots « personnel », « égoïste », voire « égocentrique », « non collectif », j’en passe et des meilleures !!!!
A cause de ce genre d’individus, la connaissance karstique du coin est bloquée et quand on voit actuellement, les problèmes d’approvisionnement en eau de nos concitoyens, cette attitude n’est pas, il me semble, justifiable .
Alors, qu’est-ce qui est important : L’égo de ce monsieur (moi je, moi je, rien qu’à moi, tout m’appartient) ou le partage de la connaissance, la recherche d’informations et l’étude d’un karst pour les besoins de la communauté et de nos concitoyens ?
Lionel, si tu partages la vision des choses de ce monsieur, là je pense, il y a matière à réfléchir.
Je pense même que c’est grave !!!!
Penses-tu vraiment, que le collectif spéléo soit de cet avis ?
Bonne réflexion …
Didier